La Bénite Fontaine
La Bénite Fontaine
Photos prises en mai 2009

 

La Bénite Fontaine de La Roche-sur-Foron

 

Le sanctuaire marial de la Bénite Fontaine est l’un des plus importants lieux de pèlerinage de l’ancien duché de Savoie, il est situé à la sortie de la ville de La Roche-sur-Foron. Bien que beaucoup plus ancienne que le sanctuaire marial de Lourdes, la Bénite Fontaine est communément surnommée “la petite Lourdes savoyarde”. Aucune preuve tangible sur son origine, toutefois des éléments laissent à penser qu’elle remonterait à 1542, à cette époque sévit la Peste noire venue de Genève. La population fut décimée à La Roche et dans tous les environs, le nombre de morts fut considérable. Les familles épargnées, épouvantées s’enfuirent afin de se réfugier au creux d’un vallon, pensant que les replis du terrain, les sapins les protégeraient de la pestilence. A mi pente, ils découvrirent une source dont l’eau était restée pure : rien ne l’avait contaminée. La tradition rapporte que ces familles, ayant trouvé refuge dans ce lieu, auraient invoqué la Sainte Vierge afin qu’elle les protège du fléau de la peste : Il est probable qu’un oratoire, lui fut alors construit. Lorsque l’épidémie prit fin, les familles réfugiées quittèrent le vallon.

En 1586, nouvelle épidémie de peste, encore plus terrible, l’histoire raconte qu’il ne resta plus qu’un seul prêtre à la Collégiale Saint-Jean-Baptiste pour le service des morts, et plus qu’une seule survivante dans le village de Saint-Sixt. Comme 44 ans plus tôt, les habitants retournèrent chercher la protection du vallon. Ils retrouvèrent alors la source et l’oratoire de la Sainte Vierge. Ce sont ces origines qui sont retenues de la Bénite-Fontaine. Ce lieu n’était alors connu que des seuls habitants de La Roche et de Saint-Sixt. A partir de cette époque, et jusqu’en 1617, il fut recensé 14 guérisons à cette source bienfaitrice. Elles furent par la suite rapportées à Saint François de Sales, prince-évêque de Genève. L’oratoire devint célèbre à partir de 1617, avec l’arrivée des Révérends pères capucins à La Roche, ceux-ci édifièrent un couvent.

Ces guérisons conduisirent à nommer le lieu la “Bonne-Fontaine”, puis la “Bénite-Eau” et enfin la “Bénite-Fontaine”. Le 24 juin 1617, Saint François de Sales, prince-évêque de Genève, préside la fête de la Saint Jean-Baptiste, patron de la paroisse. Le curé de La Roche, le Révérend François de Saint-Sixt, archidiacre de la Collégiale, entretient Saint François de Sales des guérisons étonnantes obtenues à la “Bénite Fontaine”. Saint François de Sales demeure très prudent face à un tel cas, on lui présente les 14 guérisons : le saint évêque de Genève les soumets au Conseil du Genevois (Conseil du duc de Genevois-Nemours), et demande au père Baranzano, professeur de sciences au collège Chapuisien d’Annecy, de soumettre l’eau de la Bénite-Fontaine à un examen pour l’analyser. C’est lors de son voyage diplomatique à Paris que Saint François de Sales apprend que les 14 guérisons étaient avérées. Nous sommes en juin 1619.

Saint François de Sales demanda au curé de La Roche d’ériger, près de la source, une chapelle sous le vocable de Notre-Dame de la Visitation, ordre qu’il avait fondé le 6 juin 1610 avec sainte Jeanne de Chantal. Grâce aux aumônes des pèlerins, la chapelle fut construite. Saint François de Salles vint lui même la bénir ainsi que la source et la statue de Notre-Dame de la Bénite-Fontaine, réalisée en bois polychrome. Elle est préservée aujourd’hui en lieu sûr (une copie est installée dans la chapelle actuelle). Cette statue de la Sainte Vierge est très rare puisque la mère du Christ est ici sculptée enceinte. Après la Révolution la chapelle était en ruine, une nouvelle fut édifiée, mais installée sur le haut du plateau, le vallon étant trop étroit pour recevoir les nombreux pèlerins qui venaient assister aux cérémonies. En mai 1863, devant plus de 5.000 personnes, Mgr Magnin bénit le nouveau sanctuaire. La source ne fut pas oubliée : l’eau fut recueillie dans une vasque de pierre , un nouvel oratoire plus important fut construit.

Le chanoine Joseph Chavanne au XXe siècle donna un élan nouveau au sanctuaire. Il entreprit de nombreux travaux : la rivière est repoussée, le terrain est aplani, les abords de la source, de l’oratoire et de la chapelle sont aménagés, un abri du pèlerin est construit. Il organise le pèlerinage des rapatriés, le 8 septembre 1945 : 14.000 pèlerins répondent à son appel. Le 11 octobre 1946, ce fut le pèlerinage du “Grand Retour” : “assemblée innombrable” dira la presse de l’époque. Aujourd’hui, un chemin de croix mène au vallon où se trouve la source. Ce site demeure un lieu de pèlerinage très fréquenté, il accueille de nombreux pèlerins, des messes y sont célébrées le dimanche et les jours de fêtes ainsi que des processions aux flambeaux, la veille de l’Assomption. L’abri peut accueillir jusqu’à quatre cent personnes.

 

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