Photos prises en juin 2016

 

La Fontaine de la Grotte de Sainte-Suzanne

 

Au pied du rocher s’ouvre plusieurs grottes dont seule la plus importante est visible, elle donne naissance à une source. Le site était occupé dès la préhistoire comme le démontre les objets mis à jours lors de fouilles réalisées au XIXème siècle. Des ossements d’animaux, des silex, des poteries, des monnaies gallo-romaines à l’effigie de l’empereur Claude ont été trouvées en ce lieu. Un moine Irlandais du nom de Mainboeuf vint évangéliser la région de Montbéliard, il fonda à côté de la grotte au Vème siècle un ermitage dédié à Sainte-Suzanne (martyre romaine des premiers siècles), auprès de celui-ci un groupe de chaumières s’implanta et prit le patronyme de la Sainte. Puis un moine de Luxeuil au IXème siècle fit édifier au pied de la falaise une église. Lors de la réforme, au XVIème siècle l’édifice religieux fut affecté à la célébration du culte protestant. Reconstruit et agrandi au XVIème siècle, plusieurs fois rénové, il demeure toujours à l’heure actuelle un temple luthérien. La source qui sort de l’une des grottes est intarissable, elle a permis l’installation de plusieurs fontaines dans le bourg dans la seconde moitié du XIXème siècle. Aujourd’hui le site a été aménagé et la fontaine mise en valeur. Lors de notre visite le débit, en raison des pluies surabondantes des semaines passées était impressionnant.

On ne peut pas parler de ce site sans évoquer la légende de la grotte qui lui est attachée. Dans son livre paru en 1958 aux éditions Rayot Dépoutot :

« Contes et Légendes du pays de Montbéliard »

Alfred FOCT, nous en fait le récit : Nous étions à l’aube de l’an mil et la croyance de la fin du monde s’empara des hommes. La crainte s’installa, mais également l’espoir de la naissance d’un monde merveilleux. Le royaume des cieux, promis par l’église, approchait. Les habitants de Sainte Suzanne décidèrent de passer la dernière nuit de leur vie terrestre dans la grotte où ils pensaient trouver la protection divine. Les jours précédant la nuit, où ils pensaient que viendrait la fin du monde, ils construisirent à l’entrée de la grotte un mur de protection. Le jour fatidique, ils montèrent à la grotte en procession, portant à leur tête, la statue de Sainte Suzanne. Ils déposèrent la statue sur une petite plate-forme dans la grotte et lui adressèrent leurs prières. Ils étaient terrorisés et se demandaient par quels tourments, ils devraient passer, pour atteindre le royaume du Christ. A l’aube du jour de l’An mil, ils étaient toujours en prière et très surpris d’être toujours en vie. Les enfants, tiraillés par la faim, se mirent à pleurer et les adultes se demandèrent ce qu’il convenait de faire. Le prêtre leur dit que Dieu les soumettait à une épreuve et que la faim faisait partie du sacrifice à consentir. Il les exhorta à continuer de prier. Dans l’assemblée se trouvait le forgeron. Cet homme fabriquait les outils et les armes pour la communauté et était, pour son œuvre, très respecté. On le surnommait l’Oeuvrart. Son habilité, à fabriquer les outils et les armes, était considérée par tous comme un don de Dieu. On consultait l’Oeuvrart pour chaque décision importante que devait prendre la communauté. Après le prêche du prêtre, tout le monde se tourna vers l’Oeuvrart. Mais celui-ci ne paraissait pas s’en apercevoir. Il fixait la statue de la sainte. Tout le monde suivait son regard et stupéfait, ils virent de l’eau ruisseler de la statue. L’Oeuvrart cria d’un coup “Une nouvelle source, une source de vie, c’est un signe de Dieu nous montrant que la vie renaît. Sortons de cette grotte, rentrons dans nos foyers et reprenons nos travaux. Tout le monde abandonna la grotte et retourna dans les chaumières. Ils laissèrent la statue de Sainte Suzanne dans la grotte, car le prêtre voulait qu’en cas de nécessité, la communauté puisse se réfugier auprès d’elle. Mais plus personne ne voulait retourner dans la grotte, le souvenir de la nuit d’angoisse qu’ils y avaient passée les en empêchait. Après un très long temps, la communauté voulut redonner à la sainte, la place qu’il lui revenait au sein de leur église. Mais il leur fut impossible de retrouver la statue. Le calcaire déposé par l’eau l’avait totalement enveloppée et transformée en stalagmite ».