Photos prises en septembre 2018

 

La Fontaine du Griffoul de Lisle-sur-Tarn

 

Au XII et XIIIème siècle le commerce est en plein essor par la volonté d’un roi, d’un vicomte ou encore d’une abbaye, des villes nouvelles sont crées, elles prennent le nom de bastides. Elles sont construites sur un plan défini, pour mettre la place du marché au cœur de la cité, ce sont les prémices de l’urbanisation moderne. La place de Lisle sur Tarn est l’une des plus grandes places à couvert de l’Occitanie du Moyen-Âge, elle est magnifiquement conservée.

Au XIIème siècle à l’occasion de la naissance de la Ville de Lisle-sur-Tarn, Jeanne de Toulouse et Alphonse de Poitiers font don de la fontaine du Griffoul. Celle-ci occupera la place centrale de la cité du XIIIème au XIXème siècle. Elle est constituée d’une cuve en plomb de 8,50 mètres de circonférence  dont les parois ont une hauteur de 0,34 mètres. C’est le résultat de l’assemblage de cinq éléments moulés puis soudés. Deux frises superposées composent son ornementation, celle du haut est constituée de quadrilobes en bas relief, à l’intérieur de chacun d’eux un musicien est représenté. La frise inférieure comporte une série d’arcatures abritant trois personnages cycliques : un évêque encadré de deux desservants. De temps à autre ces séries sont interrompues par une fleur de lys et une croix occitane, en référence aux deux mécènes de la fontaine. Cette vasque repose sur un pilier central et huit colonnes à pan coupé. En 1614 un pivot de bronze a été implanté en son centre par Arnaud Boudret maître-fondeur, il a été complété en 1661 par un groupe d’enfants en bronze montés sur des dauphins, c’était une œuvre d’Antoine de Pouzoles maître-fondeur.

A la fin du XIXème siècle, pour sauver la fontaine de la destruction le conseil municipal en a fait don à la ville d’Albi qui l’a installé dans le parc de Rochegude, elle est restée oubliée dans un coin de celui-ci pendant de nombreuses années. Après réfection de la Place de Lisle-sur-Tarn et en accord avec la ville d’Albi, le Griffoul a retrouvé en 2000 son espace originel, toutefois le groupe d’enfants aux dauphins n’y a pas été réintégré. Aujourd’hui le joyau de la place Paul Saissac ne coule plus et sa vasque a été transformée en un ordinaire bac à fleur dont la végétation dissimule les belles frises. Le Griffoul élément unique en Languedoc mériterait une restauration et la restitution de son arbre central afin de lui redonner son lustre d’autrefois et justifier son classement à  l’inventaire des Monuments Historiques depuis 1914.