LE PLATTESCHLECKER


Jadis au moins jusqu’à la fin du Moyen-Age, les gens du peuple n’étaient connus que par leur prénom, leur diminutif ou leur sobriquet. A Bouxwiller, les habitants sont dits Pletteschlecker, c’est à dire lèche-plats, pique-assiettes, écumeurs de marmite, flaireurs, parasites. Sobriquet donné justement aux habitants des localités ayant été des résidences princières ou comtales. Lècher les assiettes des grands de la cour était le privilège des valets, serviteurs, livreurs et laquais de la cour. Or Bouxwiller avait été la résidence préférée, du moins épisodiquement, des comtes de Hanau-Lichtenberg et des princes de Hesse-Darmstadt.
Dans l’état de laquais, il entrait beaucoup de sentiments dits bas, comme flatter servilement son maître, ou flagorner son entourage. Avoir une âme de laquais, c’est l’avoir basse, servile. Et par corrélat, le laquais était menteur, effronté, arrogant vis à vis de ceux qui ne pouvaient approcher les grands de ce monde. Mais ce noir tableau ne s’applique pas à tous car la majorité des gens de peu de condition était de caractère amène et de commerce facile. Certains même ont atteint une haute position sociale dans le microcosme bouxwillerois.
Si aux yeux des envieux et des malveillants, des villageois alentour surtout, les gens de peu de condition -tous ces valets, laquais, serviteurs, n’étaient que de la valetaille- lèche-bottes et lèche-plats- en fait, leur sort était souvent envié : ils n’étaient plus des culs-terreux, ceux qui leur vie durant, remuaient bouse et boue.
Aujourd’hui, il n’y a plus ni château, ni seigneurs, ni laquais, ni livré à Bouxwiller; seul est resté le sobriquet dont furent affublés les Bouxwillerois : Platteschlecker! (extrait d’un texte de Albert KIEFER; historien).