La Fontaine Sainte-Radegonde de La Châtre
Au cour de la Vallée Noire, La Châtre, est une jolie ville du Sud Berry bâtie sur un coteau dominant l’Indre. La cité tire son étymologie de « castra », camp fortifié. Celui-ci peut avoir été un ancien camp gaulois ou romain (selon les différentes versions proposées par les archéologues ou les historiens). La ville est ensuite un château féodal, siège d’une baronnie. Au XIIIe siècle, un monastère de Carmes s’installe dans la ville, le couvent est démoli en 1816. Le XIXe siècle est marqué par l’industrie du cuir, la ville possédait dès le Moyen Âge de nombreuses tanneries dont tout un quartier porte encore le nom. George Sand, l’écrivain, se rendait fréquemment à La Châtre pour voir ses amis, même si elle avouait déplorer le conformisme de la ville.
Une Antique fontaine ( qui a pu être primitivement dédiée à Vénus d’où le nom de Venose donné à une rue voisine?) “La Grand’Font” était autrefois consacrée à Notre-Dame. Mentionnée dans les archives du XVème siècle, la fontaine miraculeuse jaillissait initialement du rocher. La croyance populaire y a ensuite attaché le culte de Sainte-Radégonde (521-587). Sous la voûte, on faisait brûler, devant l’image de la sainte, des chandelles pour l’heureuse délivrance des femmes en couche. Le monument dans le style “gothique” a été reconstruit sous le Second Empire à son emplacement actuel. Le 18 août 1860, le conseil autorise le maire à procéder à l’adjudication des travaux pour la rénovation de la fontaine dont la voûte menace de s’écrouler. A l’intérieur de l’édifice, repose sur un socle dominant la source une statue à l’effigie de Sainte-Radégonde, Patronne de Poitiers et Patronne secondaire de la France.
Sainte-Radégonde Fille du roi de Thuringe, avait treize ans quand les fils de Clovis s’entendirent pour assassiner son père et s’emparer de son pays, en 531. Elle échut comme butin de guerre à Clotaire, alors roi de Soissons qui voulut l’épouser. Elle s’enfuit, mais, rejointe, elle devint reine durant une vingtaine d’années, épouse d’un mari brutal et débauché. Elle ne tremblait pas devant lui, le laissant s’empiffrer et s’enivrer, tandis qu’à la même table elle mangeait sobrement ses lentilles et son pain sec. En 555, les Thuringeois s’étant révoltés, Clotaire tua son frère et elle obtint d’entrer en religion. Il avait alors peur de l’enfer. Il lui construisit un monastère à Poitiers où elle se retira, le monastère de la Sainte Croix, selon les règles monastiques de Saint Césaire d’Arles. Elle y passa trente années de bonheur et de paix. Plus de deux cents jeunes filles de la noblesse franque l’y rejoignirent, recevant ainsi le même bonheur et la même paix dans un monde encore brutal. Elle leur donna une abbesse en la personne d’une de ses amies, elle-même gardant des tâches humbles comme la vaisselle ou le balayage.