La Fontaine de la Place
La Fontaine de la Place
Photos prises en septembre 2010

 

 

La Fontaine de la Place de Pontaubert

 

Les puits sur le plateau sont peu profonds et tarissent l’été (4 à 5 m). Un peu plus abondants et profonds sur les flancs, ils ne suffisent pas à l’alimentation communale. Aussi n’est il pas étonnant que dès le début du XIXe siècle, des hommes entreprenants aient envisagé la possibilité de mieux desservir cette localité. C’est vers 1836 qu’un maire dynamique songea à réaliser un premier projet simplifié à l’accès à l’eau. On choisit une source assez abondante et pas trop éloignée du village, la source du Pré aux ânes à 800 m environ au sud ; on la capta grossièrement et on construisit un petit réservoir de captage de 3 à 4 m3 de capacité puis par une canalisation en plomb de 3 cm de diamètre intérieur, on amena l’eau captée jusqu’à une fontaine à jet continu que l’on édifia à l’extrémité de la promenade des tilleuls, au centre du village. On groupa autour du jet 3 bacs massifs en calcaire de Coutarnoux, communiquant les uns avec les autres et servant d’abreuvoir pour le bétail. Aujourd’hui les trois bacs ont été remplacés par un bassin rond duquel s’élève une pile carrée dont le dégorgeoir représente une tête de lion.

Thibaut Pinsard journaliste au quotidien l’Yonne écrit le 7 octobre 2010 l’article suivant au sujet de la fontaine de la Place :Elle n’est pas miraculeuse. Elle n’est pas non plus ferrugineuse. La pancarte « non potable » laisse peu de doutes. Et pourtant, son eau séduit. Le débit de la principale fontaine de Pontaubert, située sur la place, suffit à abreuver des dizaines de personnes, « jeunes ou vieux, au moins une dizaine par jour », constate le maire de la commune, René Gilliung, lui-même un consommateur depuis 25 ans.

Située dans l’axe principal du village, la fontaine de la place est des plus visibles. « C’est aussi ce qui fait son succès, poursuit l’édile. Si elle était cachée au fin fond du village, on n’y verrait pas tant de monde. »« Elle est bien meilleure que celle du robinet »
De fait, il est fréquent de voir des véhicules stationnés devant. « Les gens viennent du village, mais aussi d’Island, de Vault-de-Lugny ou d’Avallon, constate René Gilliung. L’an dernier, un monsieur venait même de Ravières pour remplir des bidons de 35 litres qu’il conservait trois semaines dans sa cave. » L’été, s’y arrêtent des camping-cars, des cyclistes ou des randonneurs déshydratés. Hier matin, Jino, un retraité de Cousin-la-Roche, y faisait une halte. Penché sur la fontaine pour glisser ses bouteilles vides sous le flux, il s’approvisionne là en eau de source, depuis un an. « Avant je n’avais pas le temps avec le travail. Si je suis ici, c’est que je la trouve bonne, cette eau ! » Et il n’est pas le seul. Robert, de Champien, reconnaît venir au moins une fois par semaine remplir une quinzaine de litres d’eau, sans même penser à l’eau en bouteille. « J’ai toujours bu à cette fontaine et je suis encore de ce monde ! D’ailleurs, dans l’absolu, elle est bien meilleure que celle du robinet.» Un tel discours peut surprendre à une époque où le principe de précaution prévaut à tous les niveaux. Fumer tue, boire rend alcoolique, conduire peut générer des accidents, etc. Et l’eau de Pontaubert, que provoque-t-elle ? Pas grand-chose de mauvais pour la santé, si l’on se fie aux dernières analyses. « Elles remontent à trois ans, précise le maire. Il n’y avait vraiment rien de notable. » 

Même écho du côté de Robert Créthiot, l’ancien fontainier du village. « Ce n’est pas de l’eau du plateau, elle ne vient pas des champs, mais de très loin. De l’époque où je m’en occupais, jusqu’en 1998, je savais qu’elle était impeccable tant d’un point de vue bactériologique que chimique. Il n’y a pas de nitrates. Tout juste trouve-t-on un peu de fluor. » Force est de reconnaître que les analyses ne sont pas de la première fraîcheur. « Pour savoir si cela a changé, je vais demander à la société qui effectue des analyses pour Véolia, de se pencher sur l’eau de la fontaine, indique René Gilliung. Ce serait bien qu’ils le fassent deux fois par an. » La commune pourrait-elle envisager, par la suite, de se lancer dans la commercialisation de l’eau de Pontaubert ?
Pas de tirelire au pied de la fontaine « Oh non ! réagit le maire. Non seulement cela représenterait un gros investissement, mais son débit devrait être plus important, en plus d’être reconnue par le ministère de la Santé, ce qui n’est pas une mince affaire. Non, vraiment, les gens en profitent, tant mieux, mais on ne va pas mettre une tirelire au pied. » Cette eau de source abondamment consommée semble être l’héritière d’une époque où tout ne se monnayait pas. « Vous savez, relativise l’élu, il y a d’autres villages où l’on consomme l’eau des sources. » Certes, mais elle provient la plupart du temps du supermarché.

 

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