FRAHANS (les)
C’est ainsi que se nommaient autrefois les maçons et tailleurs de pierre de la haute vallée du Griffe. Sur les hauts plateaux, les hommes se nourrissaient difficilement du travail de la terre. En 1659 les habitants de Samoëns se sont spécialisés dans la taille des pierres. Ils créent la Confrérie des maçons et tailleurs de pierre de Samoëns dont les saints patrons sont les “Quatre Couronnés” (quatre tailleurs de pierre hongrois qui furent martyrisés par Dioclécien pour avoir refusé de tailler une statue païenne). Ces artisans travaillèrent partout en France, particulièrement sur les chantiers de Vauban. Plus tard ils participèrent à la construction des canaux de St-Quentin, du Centre (inauguré en 1810 par l’empereur Napoléon 1er). On leur doit l’hôtel de ville d’Annecy, de Bonneville, des fontaines savoyardes comme celle de Taninges etc.. Leur renommée s’est étendue avec le temps dans toute l’Europe, et jusqu’en Louisiane. Le Moumé était leur propre langage professionnel, ils se déplaçaient avec leurs outils. La Kégnire du Frahan (coffre du tailleur de pierre en mourmé) contenait un tétu, une boucharde, un peigne à chanvre, des broches, des scies qu’ils démontaient et emballaient pour ne pas les abimer durant le transport. La confrérie avait des oeuvres philanthropiques, prenait soin des malades, elle avait pour objectif la protection des travailleurs et leur instruction. Elle avait créé sa propre école de dessin. Ils ont souvent été mis à l’index par les religieux qui observaient avec méfiance leurs allées et venues vers les pays de la Réforme protestante. Contraints à se placer sous l’autorité de l’église, les maçons de Samoëns durent attendre 1851 avant de pouvoir prétendre à une organisation laïque : la Société des Maçons de Samoëns était née. C’est en 1979, qu’elle fut refondée en association à but culturel pour sauvegarder un patrimoine exceptionnel et unique et poursuivre l’oeuvre des ancêtres à travers l’action culturelle.