La Fontaine de la Grand’Place de Dole
L’installation de cette fontaine sur la Grand’Place et le moyen de l’alimenter en eau potable ont longtemps préoccupé les assemblées municipales. En 1568 déjà, on pensait établir une fontaine devant l’église et l’on commença à traiter avec divers fontainiers. Les projets de 1592, 1621, 1737, 1746, n’inspirèrent pas confiance aux magistrats. Le père Fery minime et professeur de mathématiques à Amiens écrivit en 1750 ” Un mémoire sur l’établissement des fontaines publiques à Dole” et élabora un aménagement du service des eaux qui fut adopté. En ce qui concerne la fontaine de la Grand’Place, ce n’est qu’en 1780 que fut décidée sa construction, le Conseil considérant “qu’une fontaine serait de toute utilité et même de nécessité sur la Grand’Place qui n’en possède pas encore”, délibère d’en demander les plans à CL.-François Attiret notamment auteur de la Fontaine d’Arans de Dole. A vrai dire ce projet était bien plus ancien, la ville avait déjà passé un marché avec cet artiste, en août 1778, pour la construction en cet endroit d’une fontaine décorative.
L’érection d’une statue du roi sur le piédestal de la fontaine fut officiellement décidé par le Conseil dans sa séance extraordinaire du 18 septembre 1780. Le maire, M. de Marenches, parla longuement de l’attachement des Dolois à la royauté et particulièrement “à un roi qui est le père de ses sujets”. L’Assemblée approuva cette idée par des acclamations. En décembre les travaux sont déjà très avancés et prêts à recevoir les ouvrages de sculpture. Mais de ce côté, les choses ne vont pas toutes seules; Attiret, qui est parti à Paris, et le Magistrat ne sont pas d’accord sur le caractère et la disposition à donner au monument.
En effet dès 1781, le sculpteur fait part d’un projet différent. Il propose de représenter la Ville par une figure de femme assise sur des rochers, “recevant avec reconnaissance du Génie de la Nation, l’image du souverain qu’elle contemple avec attendrissement” Le génie lui présente également une branche d’olivier, symbole de la douceur du gouvernement. Le Conseil refuse cette proposition, ce qui donne lieu à de nombreux courriers entre les différents acteurs.
En fin de compte Attiret se soumet, mais n’est pas pressé de rentrer à Dole. Cependant il y retourne et les travaux se poursuivent sans arrêt au cours de l’année 1782. L’artiste a conservé le même personnel et les mêmes fournisseurs : les sieurs Lagarenne, Jean et Pierre Caillier, d’Archelange, lui fournissent des pierres; Fiacre Panier et Fromageot qui dressent, sculptent les blocs et taillent les six bornes qui doivent entourer le bassin. Une grille de fer forgé avait même été prévue et choisie depuis janvier 1781.
L’histoire de cette fontaine n’est pourtant pas terminée. Avant la Révolution Dole était la seule ville du royaume de France à montrer sur sa place principale une statue en pied du roi Louis XVI. La délibération du Conseil Municipal du 14 août 1792, fait état de la décapitation de la statue royale qui se dressait au pied de la collégiale, par des soldats, et ceci quelques mois avant que le roi ne soit guillotiné. Le reste de la sculpture est alors déposé. Après la Révolution, elle est remplacée par une statue de la Liberté. Sur cette place de la Basilique, depuis 1883, c’est désormais la statue de la Paix qui converse avec les deux génies voisins : celui de la philosophie à droite, et celui du commerce à gauche.
Nous remercions Madame Aline Szewczyk, Animateur de l’architecture et du patrimoine de la ville de Dole, pour l’importante documentation sur les fontaines de la cité qu’elle nous a aimablement transmise et dont est tiré cet historique.