La Fontaine des Sept Saints
La Fontaine des Sept Saints
Photos prises en mars 2017

 

 

La Fontaine des Sept Saints Le Vieux Marché

 

Le hameau des Sept-Saints fait partie de la commune du Vieux Marché. Il tire son patronyme de la chapelle consacrée au Sept Dormants d’Ephèse. Ce fut par le passé le plus gros hameau de la paroisse, il se compose de quelques maisons autour d’une place, et de quelques habitations à proximité de la chapelle. Depuis plusieurs siècles on y vénère les Sept Saints Dormants Martyrs. C’est à Ephèse que la Vierge est morte, au pays où fut inhumée Marie Madeleine et où s’était retiré Saint-Jean. En l’an 250 Dèce appelé aussi Trajan empereur romain (249-251) décréta une persécution contre les chrétiens qui refuseraient de sacrifier aux dieux romains et ne renieraient pas leur foi. Sept jeunes gens frères de haute lignée refusant toute abjuration, se virent privés de leurs fortunes et condamnés à mendier, malgré tout ils tinrent bon. Devant cet échec Dèce se mit dans une terrible colère et voulu les châtier par le fer et le feu. Il les découvrit cachés dans une grotte et donna l’ordre de les emmurer vivants afin qu’ils meurent de soif et de faim. Mais Dieu envoya le sommeil aux sept frères et les garda des peines et des tourments. Constantin, Serapion, Jean, Dyonisius, Martinianus, Maleus, Maximus se réveillèrent deux cents ans plus tard, lorsqu’un maçon ouvrit par hasard la grotte. Les pièces de bronze à l’effigie de Dèce qu’ils portaient sur eux permirent de déterminer le temps de leur dormition. Ils furent vénérés dès le VIème siècle tout autant par les chrétiens que par les musulmans. Le culte de ces Saints serait parvenu au Vieux Marché par l’intermédiaire de moines et de missionnaires grecs qui accompagnaient les commerçants venus d’Orient et suivant la route de l’étain. A l’emplacement d’un ancien sanctuaire une chapelle fut édifiée au début du XVIIIème siècle.

 

Elle a été construite en partie sur le dolmen de Stivel aujourd’hui inclus dans la crypte et converti en oratoire au fond duquel se trouve un autel d’une simplicité primitive, orné de huit statuettes. Ce dolmen inscrit au Monuments Historiques aurait été christianisé au VIème siècle, il est formé de trois quartiers de roches couverts de trois autres pierres, le tout en granit. Le caveau mesure deux mètres de large sur 4, 50 mètres de profondeur.

 

Dans la chapelle, au dessus de l’autel, sept grandes statues représentent les Saints Dormants, ils entourent la Vierge.

 

Une source (probablement un ancien lieu de culte païen) est associée à ce sanctuaire, située à une centaine de mètres, l’eau sort d’une pierre horizontale à sept trous disposés en triangle. Ce point d’eau a été aménagé en fontaine, un dosseret appuyé contre le talus est complété de deux bas murets de chaque côté du bassin. L’eau sourd des sept trous (référence aux sept Saints) percés dans la dalle du fond de la cavité puis elle se faufile au travers des pierres pour aller rejoindre un petit bac rond qui servait aux ablutions. Aménagée en lavoir depuis des temps immémoriaux, cette source a retrouvé sa fonction originelle depuis que les pierres du lavoir ont été retirées. L’origine du Pardon remonterait à la christianisation du site.

Le culte des Sept Saints se retrouve en Islam, le vendredi dans les mosquées, on lit la Sourate 18 du Coran (Ahl al-Kahf) « les gens de la caverne » relatant l’histoire des sept jeunes emmurés vivants, précurseurs du Jugement, de la Résurection Finale. Louis Massignon décédé en 1962 a été professeur de Sociologie musulmane pendant une trentaine d’années et également traducteur du Coran. Il visite la chapelle des Sept Saints en 1953 et assiste à la messe le jour du Pardon. Les Sept Saints du Vieux Marché présentant une analogie avec les Sept Dormants d’Ephèse, il lance les bases d’une rencontre des deux religions. Depuis 1954 chaque année, fin juillet, Chrétien et Musulmans viennent prier pour une Paix sereine, réunis en la même foi en la Résurection, en Dieu, en respectant leurs différences. En Afrique du Nord il existe une fontaine aux sept veines à Guidjal près de Sétif analogue à celle du Vieux Marché, le culte des Sept Saints se retrouve également en Asie, en Rhénanie, en Suisse, en Russie etc. Le Pardon Islamo-Chrétien s’est déroulé en 2017 du 22 au 23 juillet avec un colloque sur le thème « Vous avez dit : Fraternité ? » le samedi, le dimanche après la messe déambulation à la fontaine et lecture de la Sourate 18 du Coran, dite « des gens de la caverne », puis partage du lait et des dates. L’après midi échange à la chapelle animé par le délégué de l’évêque de Saint-Brieuc.

 

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