La Fontaine du Prieuré de Montigny-le-Roi
La fontaine du Prieuré a été édifiée en 1842, l’abreuvoir était composé de deux auges adossées à un mur de soutènement, à l’avant un pavage délimitait l’ouvrage. Cette fontaine a été entièrement reconstruite en 1911. Elle se compose d’une succession de deux bassins, l’eau alimentant le premier par la gueule d’un animal fabuleux sorti tout droit d’une vieille légende. Sur le rebord du premier bac se dresse une ancienne borne en fonte de fer comme l’on en rencontrait beaucoup dans les villages et les rues des villes avant l’arrivée de l’eau sur les éviers. Les deux planches de bois posées en travers sous l’arrivée laissent à penser que des personnes viennent encore s’approvisionner en ce lieu.
Plusieurs personnages célèbres sont nés à Montigny-le-Roi, au XIXème siècle, Camille Flammarion astronome français, Ernest Flammarion fondateur de la maison d’édition Flammarion etc…mais la destinée la plus surprenante est celle d’Aurélie Picard aussi appelée Lalla Yamina Tidjani, née le 12 juin 1849 à Montigny-le-Roi. Son père, Gaude Picard a longtemps servi comme gendarme en Algérie et il garde la nostalgie de ce pays. A la suite de problèmes financiers la famille s’installe à Arc-en-Barrois. Le père d’Aurélie lors de ses promenades à cheval avec sa fille est intarissable sur l’Afrique. A 20 ans, la jeune fille entre au service de Mme Steenakers, dont le mari est député de Haute-Marne et directeur général des postes. La défaite française de 1871, face à la Prusse l’entraîne à suivre la famille du ministre des Postes en exil à Bordeaux.
C’est dans cette ville qu’elle rencontre Si Ahmed Tidjani le Grand Maître, le Marabout, de la confrérie religieuse des Tidjania, il exerce son pouvoir religieux sur les nomades du Sahara et aussi, en bonne partie sur la péninsule arabique. Le siège de cette Confrérie est à Ain Madhi à quelques 60 kilomètres à l’ouest de Laghouat, dans le sud Algérien. Il s’éprend de la jeune fille et la demande en mariage, ce qui est accepté par le père d’Aurélie à condition qu’elle ait toute liberté de demeurer chrétienne. Le couple est béni par l’archevêque d’Alger et le mariage musulman sera célébré par le moqqadem principal (auxiliaire de l’administration) des Tidjani d’Alger. Aurélie part vers l’inconnu, le chemin durera 20 jours avant son arrivée dans un monde qu’elle ignore totalement et où jamais aucune Européenne ne s’est aventurée. Elle apprend l’arabe qu’elle finira par parler parfaitement, elle assiste à certaines des audiences de son mari, gagne les sympathies, et met en place un système d’éducation, crée une infirmerie hospice. Elle devient le véritable surintendant de la Confrérie et à ce titre s’attaque à la gabegie financière et institue un strict contrôle des dépenses. Lors d’une promenade ayant découvert un petit point d’eau, elle entreprend des travaux d’irrigation des terres afin de les cultiver et ce grâce au creusement de puits. Sa patience et sa bonté font merveille elle est appelée avec affection et respect ” Lalla Yamina ” ou ” Madame Aurélie “. Elle fait édifier le palais de Kourdane où elle accueille le Gouverneur Général de l’Algérie, des administrateurs, des officiers, des explorateurs, des journalistes, des artistes, elle joue aussi un rôle non négligeable de diplomate en louant les avantages de l’ordre français en Algérie auprès des Tidjani de Tunisie. Après la mort de Si Ahmed en 1897, Aurélie contracte un mariage blanc avec son successeur Bachir et à la demande de tous, conserve ses fonctions. Après la mort de Bachir, elle rentre en France, mais elle est très vite appelée de nouveau par les successeurs de Bachir. Nommée chevalier de la Légion d’honneur, âgée de 84 ans elle meurt le 28 août 1933 à la Zaouïa de Kourdane, en Algérie.