Photos prises en juin 2020

 

 

La Fontaine et le Lavoir de Phlin

 

Phlin est un village situé sur la Seille, il possède un lavoir édifié en 1852.  A l’avant entre les deux colonnes supportant la toiture de ce lavoir, coulait autrefois  la fontaine avec sa pile carrée dont le chapiteau est orné d’une pomme de pin. Sur sa façade un griffon à tête de lion assurait la distribution de l’eau, vers le bassin rectangulaire qui servait d’abreuvoir mais aujourd’hui transformé en bac à fleurs. Les deux côtés latéraux du lavoir reposent en façade sur deux colonnes engagées.  L’eau y coulait en permanence alors que les maisons du village n’avaient que des puits extérieurs.  La lessive avait lieu deux fois par an, les femmes se retrouvaient en ce lieu, pendant des heures, elles étaient agenouillées sur des caillebotis en bois et frottaient le linge avec des brosses en chiendent et du savon de Marseille, le tordaient puis le rinçaient. Elles le ramenaient chez elle en brouette, et le mettaient sécher  sur des haies ou à même le sol. Pendant tout le temps que durait la lessive les femmes avaient de longues conversations.

Après la réfection du lavoir à l’intérieur de celui-ci les bacs à laver ont été remplacés par l’œuvre d’art de Raoul Mark. Celui-ci a aménagé l’espace de façon à lui redonner  la signification qu’il avait dans le passé, espace public, lieu de labeur mais aussi de rencontre. L’installation est composée de 3 cercles concentriques : le banc, le bassin et la plaque rouge. Le banc en bois rappelle les caillebotis sur lesquels s’agenouillaient les femmes qui lavaient le linge, il est gravé des signatures de tous les habitants du village. Le bassin est le deuxième cercle, l’eau qui y coule rappelle le travail des lavandières. Au centre le bassin dont la  plaque rouge circulaire laisse échapper trois sifflets de vapeur à l’arrivée d’un visiteur. A la tombée de la nuit neuf lumières  éclairent ce tableau. Ce lieu central du village auquel les  habitants sont attachés et qui témoigne de leur passé avait fait l’objet d’une demande de restauration et de remise en eau. Ce projet a été réalisé dans le cadre de l’action « création d’un patrimoine d’art contemporain de la Communauté de Communes de Seille et Mauchères. Sa réalisation a été possible grâce au programme « Les nouveaux commanditaires de la Fondation de France  » qui permet à des citoyens de prendre l’initiative d’une commande à un artiste contemporain. Le projet a obtenu des financements de la Fondation de France, du Ministère de la Culture et de la communication dans le cadre de la commande publique de la délégation aux arts plastiques, avec le soutien du Conseil Général de Meurthe-et-Moselle et du Conseil Régional de Lorraine.

L’artiste Raoul Marek né en Suisse en 1953. travaille à Paris, Berlin et Berne, il est considéré comme un représentant de l’Art relationnel, mouvement artistique contemporain dérivé de l’Art conceptuel apparu en France dans les années 1990. En 1993 il réalise pour le Château d’Oiron dans les Deux-Sèvres « La Salle du Monde », un service de table fabriqué par la Manufacture de Sèvres. Sur chacune des 150 assiettes, le profil d’un habitant de la commune dessiné au trait bleu, leurs initiales sont gravées sur les verres, l’empreinte de leurs mains est imprimée sur la serviette. Le 30 juin de chaque année, le service de table est sorti et la « communauté de hasard » de 150 personnes d’Oiron est conviée à dîner au château. Depuis l’artiste a réalisé d’autres « Salle du Monde » ses services sont exposés toute l’année, celle de Berne en Suisse crée en 2004 reçoit le 3 septembre une « communauté de hasard » de 150 personnes pour dîner dans l’espace public de la ville.