La Fontaine Place de l’Eglise de la Neuve-Lyre
L’historique de la fontaine que nous vous proposons est un élément des recherches effectuées pour son livre ‘La Vieille Lyre et la Neuve Lyre autrefois’ écrit en 2008 par Laurent RIDEL, Diplômé en histoire, qui a passé toute sa jeunesse à la Vieille-Lyre, il y retrace l’histoire de la commune de La Vielle-Lyre et de sa voisine, La Neuve-Lyre.
“La fontaine est un monument phare de la commune. Elle se trouve en plein cœur du bourg, à proximité de l’église et de la place. Sa forme rappelle celle de Conches ou de Bernay. Une borne centrale, ornée de végétaux et d’enfants nus, supporte deux vasques superposées qui recueillent l’eau jaillissante du sommet du monument. L’ensemble paraît en fonte. Au sol, un bassin circulaire réceptionne le trop-plein d’eau. J’avoue que ma description contient une part d’imaginaire car cela fait plusieurs années, à ma connaissance, que la fontaine ne fonctionne plus. Le bassin et les vasques restent désespérément secs. Les restrictions d’eau et les coûts d’entretien des canalisations ont sûrement eu raison de ce spectacle aquatique qui ravissait autant les yeux que les oreilles. Fontaine, je ne boirai donc plus de ton eau.
Désormais, il n’y a plus aucun risque de vous faire mouiller lorsque vous vous approcherez de la fontaine. Vous pourrez donc à loisir observer la plaque posée à la base du monument sur laquelle est écrit : « offerte par Mr Émile Bourgeois à la commune de la Neuve-Lyre – 1902 ».
La fontaine est donc une vieille dame de 106 ans. Son élévation coïncide avec l’un des plus grands événements de l’histoire lyroise : la création d’un réseau de distribution d’eau. À cette époque, dans les villages, on n’avait pas l’eau en tournant simplement un robinet ; il fallait aller la chercher. Les femmes et les enfants se ravitaillaient aux puits, recueillaient le contenu des citernes ou puisaient dans la Risle ou la mare. Mais la qualité du précieux liquide restait douteuse. Avec la création d’un réseau de distribution d’eau, les Lyrois purent s’approvisionner en eau potable à partir de différentes bornes fontaines disposées à travers le bourg. Les travaux d’installation transformèrent la Neuve-Lyre en chantier. D’abord, en 1900, on édifia un château d’eau, puis on installa des canalisations à travers le village pour amener l’eau jusqu’aux bornes fontaines. D’une certaine manière, la Neuve-Lyre entrait dans la civilisation.
La création de ce réseau d’adduction d’eau était très coûteuse pour la commune. Pour aider à sa réalisation, un particulier nommé Emile Bourgeois proposa de financer les bornes fontaines ainsi qu’une fontaine monumentale. La municipalité dirigée par Joseph Loiziel accepta ce don avec plaisir. Émile Bourgeois (dont le nom est rappelé aujourd’hui par une place) était un Lyrois de naissance qui avait réussi dans le commerce. Précisément, il tenait un magasin de faïence, porcelaine et cristallerie à Paris, rue Drouot.
N’imaginez pas un simple boutiquier installé derrière un comptoir poussiéreux. Fréquenté par la haute société parisienne et étrangère, le magasin d’Émile possédait des pièces luxueuses, certaines décorées par des artistes de renom, d’autres importées d’Angleterre. Faites un tour sur le site web eBay : régulièrement, parmi les tasses, les assiettes, les plats et les vases proposés aux enchères, figurent des pièces tamponnées au nom du magasin de notre Lyrois ! Émile Bourgeois finança donc la fontaine de la Neuve-Lyre. La petite histoire raconte qu’elle aurait été placée dans l’axe de la rue de la gare (actuelle rue Pierre Le Boulch) de manière à ce que son donateur puisse l’apercevoir quand il arrivait de Paris par le chemin de fer. Si aujourd’hui la fontaine trône toujours à la même place, le chemin de fer, lui, a disparu. (fin de citation)”.
Nous remercions Monsieur L.Ridel pour l’autorisation qu’il nous a donnée pour cette retranscription