La Fontaine Place Henri IV d’Henrichemont
Boisbelle, Principauté lilliputienne, disait l’historien local H. Boyer. Si les origines des privilèges extraordinaires de cette principauté restent encore inconnues, des lettres patentes des Rois de France, maintes fois renouvelées, les ont reconnues. D’après la carte de Cassini, elle comprenait les territoires actuels de Boisbelle, Henrichemont, La Borne, Achères, une partie de Menetou-Salon (le Fief Pot), et quelques parcelles de la commune de Quantilly. Le 31 août 1605, Maximilien de Béthune, baron de Rosny et duc de Sully, protestant et ami d’Henri IV depuis 1572, achète à Charles de Gonzague duc de Nevers, prince de Boisbelle, la terre et seigneurie souveraine de Boisbelle.
Cette principauté était un alleu souverain. Le propriétaire était libre d’en faire ce qu’il voulait sans demander d’autorisation, à la différence d’une terre en fief ou en censive. Boisbelle étant un alleu noble et souverain, le seigneur jouissait de droits régaliens et gouvernait sa terre en toute indépendance. Prince de Boisbelle, Sully pouvait y faire les lois, y rendre la justice et battre monnaie. Les habitants n’étaient soumis à aucun impôt, taille, corvée ou gabelle, et n’avaient pas d’obligations militaires, ils versaient seulement une redevance à l’Eglise. Mais Sully trouva en Boisbelle une bien pauvre capitale, et décida de bâtir Henrichemont ! Après avoir fait confirmer par le roi, en 1607-1608, les droits immémoriaux de ses nouveaux sujets Sully commença à mettre sur pied, dès la fin de l’année 1608, le grand projet qui lui tenait à cour, la création dans sa petite Principauté d’une capitale digne de son ambition.
Avec quatre entrepreneurs, deux parisiens et deux provinciaux, en décembre 1608, il passa un marché pour sa construction. Le travail à faire était considérable. Il nomma sa cité Henrici-Mons, le Mont-Henri (devenu Henrichemont) en l’honneur de son Roi. La mort tragique d’Henri IV fut un coup fatal pour Sully qui n’eut plus l’aide morale et financière de son ami pour achever son oeuvre. Le plan de la cité est établi en forme de rose des vents, les 8 rues principales rayonnant à partir d’une place centrale carrée sur celle-ci est érigée en 1853, en remplacement d’une croix détruite par la foudre en 1850, la Fontaine, qui sauf incident ne cesse jamais de fonctionner. Elle est alimentée par une rivière canalisée en conduite forcée en terre de trois kilomètres. Sa source est située dans les bois de la Borne (la source des Ramiers) et n’a besoin pour jaillir d’aucune aide, la déclivité et la conduite forcée sont suffisantes.
Sur une autre partie de la Place un joli puits situé sur une nappe, qui date vraisemblablement de la construction de la ville en 1609. La couverture est en forme de baldaquin, portée par quatre colonnes doriques en pierre, détruite par la foudre en 1825, a été rétablie sur le modèle d’origine en 1994. Le clocheton est orné d’un homme en sabots tenant un seau dans chaque main.
Le puits faisait sans doute partie d’un ensemble de quatre monuments occupants les angles de la place, dont un autre est connu : le pilori, disparu au milieu du XVIIIème siècle.
Nous remercions l’office du tourisme d’Henrichemont pour les plans fournis et les précisions apportées sur cette fontaine.