La Fontaine rue de l’Ile d’Annecy
Cette fontaine est en activité au moins depuis le 15ème siècle. En effet, dans les Archives départementales de Haute-Savoie, un document de 1477, évoque la rue de la Fontaine de l’Ile. En 1494, les syndics exposent au conseil de ville que la fontaine a besoin de réparations et en 1538, pour extraire et canaliser l’eau, ils l’équipent d’un « instrumentum ferreum » fabriqué par Vincent Pillicat, armurier. En mai 1616, l’avocat fiscal offre de payer un tiers des frais de restauration de la fontaine de l’Ile qui s’appuie sur le mur de sa maison et « se trouve fort incommodée estant sur le point de tomber et la muraille de combler ladite fontaine ». Cette fontaine étant « la principale de la ville », le conseil de ville s’empresse d’envoyer un expert en mesure d’évaluer les travaux dont on ne sait s’ils ont été réalisés.
En 1646 cette fontaine est restaurée, en même temps que celle de Sainte-Claire. Le 4 juillet 1689, le conseil de ville décide d’y placer une pompe et de la fermer pour éviter que les habitants n’y jettent des ordures et que des servantes ne s’y noient comme cela est déjà arrivé. On y fait encore quelques réparations en 1702. Le 20 germinal an IX (10 avril 1801), quelques habitants de la rue de l’Ile et des rues voisines font parvenir au maire une pétition demandant que la fontaine soit réparée car, quasiment détruite et ouverte, la saleté y pénètre de tous côtés. De plus, elle serait dangereuse la nuit, pour les passants, et le jour, pour les enfants car le puits n’est sécurisé par une barrière que d’un seul côté. La fontaine est probablement dans cet état depuis que le maçon Claude Falconnet a été autorisé le 12 thermidor an 8 (31 juillet 1800) à la démolir en partie pour reconstruire le mur de façade des maisons Masson et Jorioz dont les fondations prenaient jusqu’au fond de la fontaine.
Le 25 prairial an 9 (15 juin 1801), l’architecte Jean-Marie Dunant, préconise dans son devis de réduire le volume de la fontaine qui encombre la rue, de placer au devant un bassin fait d’une seule pierre de taille et deux chasse-roues pour écarter les voitures. C’est l’entrepreneur Claude Decoux qui sera déclaré adjudicataire des travaux. L’architecture actuelle de la fontaine, avec sa grande coquille de pierre et son mufle de lion en bronze qui crache l’eau, remonte au 18ème siècle. La tradition veut qu’elle ait été reconstruite avec des éléments du tombeau que les princes de Luxembourg-Martigues possédaient dans l’ancienne église des Dominicains. Plus ou moins entretenue jusqu’en 1856, il semble que la mise en service des premières bornes fontaines ait conduit à son abandon. Aujourd’hui elle coule de nouveau pour le plus grand bonheur des promeneurs. Depuis 1930 cet édifice est inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques
Nous remercions Monsieur Copel de l’Office du tourisme d’Annecy pour les copies d’une partie du livre “l’eau dans la ville ” et du bulletin municipal de Septembre 1988, qu’il nous a aimablement fait parvenir et dont l’historique de cette fontaine est extrait.