La Fontaine rue de Lille de Boulogne-sur-Mer
En 55 avant Jésus-Christ, Jules César tente en vain, à partir de Portus Itius (peut-être localisé sur la rive gauche de la Liane) d’envahir la Britannia (Grande) Bretagne. La conquête de l’Ile sera réalisée en 43 après Jésus-Christ par l’empereur Claude, qui créé alors la Flotte de Bretagne qui a pour mission d’assurer les liaisons de part et d’autre de la manche et de sécuriser le détroit. Douvres , de l’autre côté forme le pendant de Boulogne, alors connue sous un double vocable : Bonnonia correspondant probablement à l’actuelle haute ville et Gesoriacum, à la basse ville. Au début du IIème siècle, un castrum est établi sur l’éperon rocheux dominant l’estuaire de la Liane, siège de la flotte de Bretagne. La haute ville actuelle conserve la topographie générale de ce camp militaire, dont l’enceinte est renouvelée au début du IVème siècle.
La rue de Lille perpétue le tracé de l’antique voie est-ouest (le decumanus) du camp romain. Elle aboutit à chaque extrémité à une porte fortifiée médiévale héritée des entrées antiques. Cette voie qu’empruntaient jadis les pèlerins de Notre-Dame, possède depuis le Moyen-Âge une vocation culinaire dont témoigne son appellation antérieure “rue des cuisiniers”. La Vole Hole est l’une des plus anciennes auberges, sa porte cochère est ornée d’une coquille Saint-Jacques, datant du XVIème siècle, elle est aussi la plus vieille maison de Boulogne.
La fontaine implantée dans cette artère, date du XVIIIème siècle. Le maître d’œuvre en est inconnu, de même que le sculpteur de ce curieux poisson à une seule tête mais deux corps entrelacés. Elle est adossée à un mur bas-côté sud de la basilique Notre-Dame. En 636, selon la tradition une barque portant une statue miraculeuse de la Vierge s’échoue sur le rivage boulonnais. L’église construite vers 1100, devenue cathédrale en 1567 avait été pendant le Moyen-Âge un haut lieu de pèlerinage cristallisant le culte de la Vierge nautonière. Ravagée au XVIème siècle par l’occupant anglais et par les troupes de la ligue, l’église avait cependant toujours fait l’objet des libéralités de pèlerins qui s’y pressaient parmi lesquels la plupart des rois de France. La statue de la Vierge fut brûlée en place publique en 1793 et la quasi-totalité des biens précieux accumulés au cours des siècles disparut à la Révolution.
L’église renaît à partir de 1827, avec le rétablissement des pèlerinages et grâce à l’abbé boulonnais Benoît-Agathon Haffreingue. Le dôme élancé de la cathédrale domine la ville, cette partie de l’édifice commencée en 1827, ne fut achevée qu’en 1854 avec la pose de la coupole. A la base du premier tambour du dôme, les statues représentant le Christ, la Vierge, les apôtres, Saint-Luc et Saint-Paul. Au centre du retable, la statue de la Vierge Nautonière est l’œuvre de Louis Duthoit, achevée par Eugène Delaplanche en 1875 .
Ladite statue représente la Vierge debout, indissociable de la barque et des deux anges qui la pilotent, conformément à la tradition de Notre-Dame de Boulogne.