La Fontaine Saint-Alain de Corlay
Le patronyme de Corlay viendrait peut-être du breton « Korr » (nain) et de « lez » (cour). Dès 1184 Corlay appartient à la Maison de Rohan. En 1195 Henri de Corlay fit édifier un château féodal. Ce dernier fut ruiné lors des guerres de Cent Ans, puis rebâti entre 1473 et 1493 par Jean Vicomte de Rohan. En 1592, le duc de Mercoeur fit le siège de la ville et du château de Corlay qui dépendaient alors de la Principauté de Guéméné et appartenaient à la branche ainée de la Maison de Rohan. L’ensemble sera pris à plusieurs reprises par les divers adversaires au cours des guerres de la ligue. En 1599 Henri IV ordonna la démolition du château, dont il ne paraît plus que les ruines. Saint-Alain ou Alan originaire de Corlay aurait été le IVème évêque de Cornouaille au VIème ou VIIème siècle.
Le texte Baptista Salvatoris (rédigé en 1140 par un chanoine anonyme) porte sur le culte de Saint-Jean-Baptiste à Bazas dans le midi de la France. Un extrait de ce texte fait mention d’un conflit entre l’évêque local et celui d’Agen qui fut à l’origine de l’incendie qui dévasta la ville. Le feu avait commencé à s’attaquer à la basilique Saint-Martin dans laquelle se trouvait le tombeau et le corps de Saint-Alain enterré en ce lieu depuis plusieurs siècles. Par miracle le corps fut épargné et transféré ensuite dans la nouvelle cathédrale dédiée à Saint-Jean Baptiste. Saint Alain était un évêque d’origine Bretonne. L’abbaye de la Sauve-Majeur (au nord de Bazas) avait noué des contacts avec la Bretagne au XIIème siècle, établissant une association de prières réciproques entre diverses abbayes. Il existait une liste de vingt trois communautés dont la Saint-Croix de Quimperlé. Ces associations ne peuvent se comprendre que par leur situation sur des itinéraires de pèlerinages. La Sauve Majeur étant une étape incontournable du pèlerinage vers Compostelle et l’association de prière avec Quimperlé montre que l’abbaye bordelaise était probablement fréquentée par les pèlerins qui de plus pouvaient se rendre, sur le tombeau de l’ermite Saint-Emilion natif de Vannes qui se situait à une à une vingtaine de kilomètres de Sauve Majeur.
La Fontaine Saint-Alain date du XVIème siècle. C’est une fontaine à mur pignon avec ouverture en ogive moulurée, tangente aux rampants. Deux stèle accueille chacune une statue, l’une est un buste en pierre de Saint-Alain, l’autre une représentation en bois de Saint-Jean. Une canalisation par du bassin de la source et passe entre les pavés pour aller rejoindre le lavoir qui a été adjoint à cette fontaine. Il semblerait que ce lavoir soit encore utilisé.