La Fontaine Saint-Roger d’Elan
Le comte Withier de Rethel désireux de fonder une abbaye, fait appel à celle de Loroy (dans le Cher) pour réaliser son souhait. Douze moines sous la conduite de l’abbé Saint-Roger, moine cistercien d’origine anglaise, arrivent sur l’immense domaine légué par le comte. Roger choisit un vallon retiré entouré de nombreuses sources et fonde en 1148 ou 1154 la nouvelle abbaye à qui il donnera le nom d’Esland (terre de l’est). Les moines cisterciens possédaient une maîtrise de l’eau, sur le terrain qui leur avait été dévolu, ils creusèrent des canaux, érigèrent des digues en utilisant la pente naturelle des lieux, et créèrent ainsi des chutes qui faisaient tourner les moulins à grains et actionner les marteaux de forge. Le domaine fut dispersé à la Révolution et en partie détruit au XIXème siècle.
Un peu à l’écart, dans un vallon au milieu des hêtres coule la fontaine sous le vocable de Saint-Roger. C’est en ce lieu que le fondateur de l’abbaye venait souvent prier, il y rendit son âme à Dieu en 1172. La vénération de ce lieu et du Saint perdurera pendant des siècles, au cours desquels de nombreux pèlerins viendront se recueillir et prier. La chapelle édifiée en 1710 au-dessus de la source porte gravées dans ses pierres les traces de leurs passages.
Les eaux très froides de la fontaine, rendues miraculeuses par Saint-Roger, avaient le pouvoir de calmer les fièvres et les maladies de peau. Une légende raconte également que les jeunes filles en âge de se marier en se mirant au-dessus de l’onde claire, pouvaient apercevoir le visage de leur futur époux. La source est recueillie à l’avant de l’édifice religieux dans un bassin à triple entrées symbolisant la Sainte Trinité, vu du haut du sentier il évoque également la forme d’une croix stylisée. Les sources captées en ce lieu alimentent en eau potable la commune d’Elan. Il faut s’avancer sur la grande esplanade herbeuse à droite de la chapelle pour découvrir les bassins qui ont été aménagés aux niveaux des captages des différentes sources, un peu dans l’esprit de ceux réalisés sous Louis XIV à Versailles.