La Fontaine Sainte-Thorette de Villefranche-d’Allier
La fontaine se situe au cœur du vallon de Montcenoux. En empruntant le chemin de terre, après quelques centaines de mètres, on pénètre dans un étrange paysage semi-aquatique, dû à une source miraculeuse à laquelle les pèlerins en route pour Compostelle venaient puiser de l’eau à laquelle ils ajoutaient un peu de roche sacrée qu’ils avaient récupérée par grattage des pierres de la maison natale de la sainte ou de celles de l’église comme en témoignent les cupules encore visibles sur le portail ouest. Aucun monument, une simple grotte en moellons pour abriter l’eau qui sourd du talus boisé, et s’écoule entre les pierres. Entre les fûts des arbres, le bouquet de fleurs séchées atteste de la fréquentation des lieux. Nous ignorons la nature des pouvoirs thérapeutiques de cette source.
Après la Seconde Guerre mondiale, un oratoire est érigé en l’honneur de Sainte-Thorette, la sainte protectrice de la commune. Le premier dimanche de mai, l’église fête la sainte : sa statue est entourée de petites filles habillées en bergères et une procession se rend à l’oratoire, dans le val de Montcenoux.
Sainte Thorette était une modeste bergère qui aurait vécu à la fin du XIème siècle et serait morte dans une chaumière, dans le champ des Combes, voisin du prieuré de Montcenoux. Des manifestations miraculeuses accompagnèrent sa mort : sonneries de cloches et croix lumineuse dans le ciel. Ses restes sacrés sont gardés au prieuré puis transportés par la suite à l’église Saint-Jacques, où un autel lui est consacré.
Une commune du Cher, dans le diocèse de Bourgesporte le nom de Sainte-Thorette.
S’agit-il de la même personne ? cette bergère qui serait née avant la fin du Xe siècle car en 1133 dans le canton de Mehun-sur-Yèvre, on cite déjà une petite paroisse qui porte son nom. Thorette, modeste bergère gardait les moutons d’une métairie de Nouzillers, tout en filant le chanvre et la laine. Lorsqu’elle désirait aller prier dans l’église voisine ou pendant qu’elle priait toute absorbée par sa foi religieuse, elle plantait sa houlette dans le pré au milieu des brebis et les anges veillaient sur celles-ci qui restaient groupées et broutaient tranquillement les herbes, sans chercher à gagner les pâturages voisins. Un jour que le ruisseau de Baisse-Moulin, dit aussi de Murat, était gonflé outre mesure par les pluies, la bergère ne pouvant ramener ses brebis au bercail sur la rive opposée, frappa les eaux de sa houlette, fit le signe de croix et une voie s’entrouvrit pour laisser passer le troupeau.Une autre fois, ce sont de rustres ouvriers maçons, étrangers au pays qui voulant trouver un passage sur le ruisseau, tenaient des propos mêlés de “blasphèmes”. La bergère les invita à plus de résignation, à reconnaître la volonté de Dieu, et frappant les eaux de sa houlette, obligea le ruisseau à retourner en arrière pour permettre aux ouvriers de passer à pied sec.Les hommes proclamèrent alors au village et dans toute la région, les louanges de cette humble bergère et de ses pouvoirs miraculeux. Son maître ne voulut plus la laisser faire des ouvrages humiliants et pénibles, mais d’elle-même elle quitta la chaumière et se retira pour prier dans la solitude de la campagne environnante.
La légende dit qu’elle trouva asile dans le creux d’un chêne séculaire de la vallée. Le tombeau de sainte Thorette ou sainte Taurette du latin santa Tauritia, vierge particulièrement honorée dans le Cher se trouverait sur la commune de Charly. (Cher).