SAINT-GILDAS


Saint-Gildas est né en Ecosse à la fin du Vème siècle, il aurait étudié dans l’abbaye du célèbre abbé Iltud. Ordonné prêtre en 518, il convertit ses compatriotes, passe en Irlande, pour aboutir en petite Bretagne, l’Armorique. Installé sur l’île d’Houat, il vivait en ermite dans une caverne. Beaucoup accouraient pour demander ses prières et ses conseils. Comme l’île était loin de la grande terre plusieurs personnes faillirent se noyer, il décida alors de quitter sa retraite pour ne plus exposer ses visiteurs au danger. Il alla solliciter un bout de terre au comte de Vannes qui lui offrit l’un de ses châteaux accompagné de ses terres. Devant le refus de Gildas le comte lui dit qu’il souhaitait avoir un monastère dans son comté. L’ermite accepta ce don et créa une abbaye qui porte son patronyme et dont il  fut le premier abbé. Il fit beaucoup d’actions saintes et miraculeuses au cours de son existence, mais aussi après sa mort. Au Moyen-Âge, le savant théologien Abélars en sera l’abbé au XIIème siècle.

Parmi ses actions miraculeuses l’une d’elles fut la résurrection de Sainte-Trifine  (ou Tréphine). Conomor comte de Plusigner demanda en mariage Trifine, fille du comte Guérech, aussi belle que vertueuse. Mais Conomor était un homme violent il avait déjà eu plusieurs femmes dont il s’était débarrassé en les tuant. Le comte ayant refusé Conomor se rendit auprès de Gildas qui lui expliqua qu’il était un méchant homme cruel, mais Conomor lui répondit d’une voix soumise : « Il est bien vrai que j’ai péché, mon père ; mais Dieu m’a converti à lui.

          Comment puis-je croire à ce que vous dites ? lui répondit Gildas

          Imposez-moi quelque épreuve.

Eh bien, vous resterez ici comme un frère novice, priant Dieu, pleurant vos fautes, et vivant d’herbes sauvages.

Durant un an tout entier Conomor resta dans le monastère, si doux, si pieu, si obéissant, que Gildas cru qu’il était converti et vint le dire à Trifine, qui accepta d’épouser Conomor. Ils vécurent trois mois en parfaite union. Il advint qu’ayant vu au pays de Quimper une autre femme,  fille d’un comte, Conomor la trouva plu belle que Trifine et décida de l’épouser. Pour se débarrasser de sa femme, il utilisa une ruse infâme en disant qu’elle lui avait été infidèle. Il l’enferma dans un cachot avec une seule petite fenêtre sans lui fournir de nourriture pensant qu’elle mourrait bientôt de faim.  Mais par miracle Trifine brisa la nuit venue les barreaux de la fenêtre et s’enfuit en courant vers la ville de Vannes. Conomor s’étant aperçu de sa fuite fit seller son cheval et la poursuivit, la fit tomber à genoux, lui planta son épée dans le cœur et retourna dans son château. Quant on apporta au comte de Guérech le corps sanglant de sa fille, il pensa que c’était Gildas qui lui avait conseillé de marier Trifine à Conomor et conçu contre lui une violente colère. Le Saint lui dit ayez foi en Dieu : j’ai failli dans mon conseil, mais Dieu exaucera les prières de son serviteur.

Il s’agenouilla près du cadavre et pria, le soir venu ayant touché la blessure au cœur de Trifine, il la guérit, ayant touché les yeux, ceux-ci s’ouvrirent, ayant pris Trifine par la main elle se releva et se mit à marcher. Tout le monde cria « il a ressuscité celle qui était morte ». Saint-Gildas prit son bâton de pèlerin et sillonna la Bretagne en demandant à tous les évêques de venir le même jour à Vannes. Au jour dit, ils étaient tous là et Gildas leur dit : « Conomor a péché et il a feint le repentir, il a péché derechef, il mérite d’être anathème ». Tous les évêques furent d’accord. Depuis ce jour la force de Conomor tomba et tous ceux qui le craignaient s’enhardirent et s’unirent contre lui, il fut chassé de son château de Plusigner, personne ne voulut le recevoir et il mourut misérablement. Quant à Trifine, elle se retira en l’évêché de Tréguier, au village qui porte aujourd’hui le patronyme de Sainte-Tréphine. Elle y vécut dans la piété et les saintes œuvres, elle y mourut dans un âge fort avancé. Ses vertus et les grâces particulières dont elle avait été l’objet la firent  déclarer Sainte après sa mort.