La Fontaine Saint-Méen
La Fontaine Saint-Méen
Photos prises en mai 2010

 

 

La Fontaine Saint-Méen Le Pré-d’Auge

 

Par ce radieux dimanche de Pentecôte, nous avons croisé sur le site plusieurs personnes venant remplir des bouteilles à cette fontaine. Une dame accompagnée de ses enfants et de sa petite fille, nous a raconté que cette dernière (résidant assez loin) voyait son eczéma disparaître lorsqu’elle utilisait l’eau de cette source. A chaque visite chez sa mamie, toute la famille venait remplir bon nombre de bonbonnes et bouteilles afin de continuer le traitement pendant les périodes d’éloignement. Un monsieur était également là pour s’approvisionner afin de nettoyer les ulcères des jambes de sa femme. Ces rencontres sont fondées à témoigner sur la richesse historique de ce lieu.

Le Pré d’Auge était un village de potiers, fabriquant la céramique du Pré-d’Auge jusqu’à la fin du XIXe siècle. Les suites de Palissy (vaisselle), les pavés et épis de faîtage ont fait sa renommée. Le château de La Rivière-Pré d’Auge : il s’agit d’un édifice du XVIIIème siècle en briques Saint-Jean et silex. Il est depuis toujours la demeure de la famille aristocratique de La Rivière-Pré-d’Auge qui, de génération en génération, se relaie l’entretien et la surveillance de la fontaine et du chêne situés sur sa propriété. L’existence d’un rituel de guérison au Pré-d’Auge est traditionnellement expliquée par la halte qu’y aurait effectuée saint Méen.

Saint-Méen était un moine d’origine Irlandaise qui vivait en Bretagne à la fin du VIème siècle. C’est au cours de l’un de ses voyages que Méen traverse le Pays d’Auge. Après un séjour à Lisieux, il prend la direction de l’ouest et arrive bientôt dans un vallon entouré d’épaisses forêts. La tradition rapporte que fatigué, il s’étend au pied d’un chêne pour se reposer.

Surviennent alors deux jeunes filles qui remontaient la pente, en portant sur leurs épaules des cruches pleines d’eau. Méen les arrête au passage et leur demande un peu d’eau pour étancher sa soif et laver les pustules qui couvraient son visage. L’une qui était petite, laide et revêche lui tourne le dos d’un air méprisant. L’autre s’approche, souriante, du vieillard et dépose à ses pieds la cruche de terre. Le Saint remplit sa gourde et dit à la compatissante jeune fille :”Désormais pour épargner vos pas, vous viendrez puiser l’eau à la source qui va jaillir ici sous cette chênaie ; quant à votre compagne, elle est déjà atteinte de la lèpre et, après avoir essayé tous les remèdes, elle devra venir se laver à cette source si elle veut guérir”.

Le site se compose de plusieurs éléments : Le Chêne Saint Méen : poussant au milieu d’une pâture dans un espace enclos, est un arbre plusieurs fois centenaire il est parfois dit « millénaire », son grand âge est attesté par un tronc creux depuis déjà longtemps, lequel abrite dans sa cavité une statue à l’effigie du saint. Cet arbre est classé par les Monuments Historiques, ce qui en 1994 l’a sauvé d’un incendie, puisque les pompiers durent venir en urgence y éteindre un feu ayant vraisemblablement été allumé dans le cadre d’un rituel de solstice Vaudou. Toutefois, compte tenu de son extrême fragilité il fut intégralement élagué en 2009 pour éviter que l’unique grosse branche qui subsistait s’effondre sur un visiteur. Heureusement, la statuette en bois qui l’ornait, datant d’après les Beaux-Arts du 15ème siècle avait été enlevée pour une exposition. Depuis lors mise en sécurité, elle a été remplacée par une copie oeuvre de M. Lasnier, sculpteur sur pierre, habitant la commune. Une cérémonie de bénédiction a présidé à sa mise en place le 14 septembre 1997.

Il est de tradition familiale que les générations des propriétaires du château se transmettent la charge de l’entretien de la source et du chêne. Et c’est dans ce contexte que, le comte de la Rivière-Préd’Auge avait planté au début des années 1920 un chêne destiné à succéder à l’ancien. Vu aujourd’hui le mauvais état du vieil arbre, l’actuel occupant du château a pris soin de planter un jeune chêne qui, le moment venu, prendra la suite de celui autrefois planté par le comte de la Rivière-Pré-d’Auge, dans lequel il envisage de transférer la statue de Saint-Méen.

Elément le plus important du site : La Fontaine. La source saint Méen est la tête d’un petit ruisseau, appelé « ruisseau saint Méen », qui s’écoule vers le fond du vallon en y devenant un affluent du ruisseau des Vattiers. En 1821, le journal “Le Patriote de l’Eure et du Calvados”, donnait des détails intéressants sur les prescriptions à respecter lors du pèlerinage. “L’argent consacré au pèlerinage doit être le produit d’une quête en monnaie de peu de valeur où défectueuse. Par cette exigence, le quêteur devait multiplier le nombre des visites. Surtout pas de pièces blanches qui retarderaient la guérison”. D’après le manuel mis à la disposition des pèlerins, la quête faite, ceux-ci devaient tout d’abord se rendre à l’église, saluer le Saint-Sacrement, par une prière fervente, puis aller à la chapelle Saint-Méen, à droite du maître autel, et c’est là surtout qu’ils priaient le saint protecteur des enfants. Ils leur fallaient ensuite s’inscrire sur le registre du pèlerinage, allumer les cierges placés près de la statue et déposer dans les troncs situés de chaque côté du saint les restes de leurs quêtes. Après avoir effectué ce préliminaire, ils pouvaient se rendre à la fontaine située à 150 mètres de l’église avec les enfants malades.

 

Revenir à la ville